Nina Attal
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


 
Note : Cette interview a été réalisée en présence du guitariste Philippe Devin qui intervient, sur une question, à la fin de celle-ci. Bel esprit d’équipe dans ce groupe « famille » où la cohésion est vraiment palpable. Vous constaterez, en outre, que Nina Attal ne parle jamais à la première personne du singulier mais humblement à la première personne du pluriel. A son grand talent s’ajoutent ceux de : Philippe Devin (guitare et choeurs), Damien Cornelis (claviers), Julien Audigier (batterie), Thomas d’Arbigny (basse), Olivier Bridot (trompette), Sylvain Fétis (saxophone), Bertrand Luzignant (trombonne).

Nina, pour commencer, peux-tu évoquer la manière dont l’amour de blues et de la soul music t’est venu ?
Au départ c’était en écoutant des artistes très connus comme Eric Clapton ou Stevie Ray Vaughan. J’ai toujours essayé de chercher à savoir où ces musiciens puisaient leur inspiration. Du coup j’ai remonté le fil du temps et c’est ainsi qu’est né en moi un véritable amour du blues.

Quel âge avais-tu à l’époque ?
J’avais 12 ou 13 ans…

Avais-tu la chance d’évoluer au sein d’une famille amatrice de musique ?
Mes parents ne sont pas musiciens. En revanche, la musique a toujours été présente à la maison. Mon papa était très «branché» Rolling Stones et Lou Reed et ma maman plus amatrice de Prince et de Lenny Kravitz. J’ai donc beaucoup baigné dans la musique durant mon enfance…

Parmi tes sources d’influence, y’avait-il également des femmes ?
Pas de trop, je dirais même qu’au début il n’y en avait pas du tout !
J’étais réticente vis-à-vis d’elles…
Par la suite j’ai découvert Koko Taylor, Susan Tedeschi, Bonnie Raitt et mon comportement a radicalement changé.

Peux-tu revenir sur ton apprentissage de la musique et du chant ?
J’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 12 ans. Je prenais des cours de jazz avec un professeur particulier…
Cela a duré 3 ans puis je me suis mise à fréquenter les jams (notamment les jams du Caveau Des Oubliettes, menées par Phil « Big Dez »  Fernandez, nda).
C’est ainsi que j’ai vraiment appris ce qu’est le blues, par l’intermédiaire de rencontres musicales et en jouant devant un public.

Si au départ je ne voulais pas chanter, petit à petit je me suis mise à travailler ma voix. Il faut dire que déjà toute petite je n’arrêtais pas de chanter; sous la douche, dans le salon, dans la voiture etc…
La passion est, pourtant, venue beaucoup plus tard. La pratique de la guitare était plus indispensable pour moi, c’était essentiel…

Quand as-tu décidé de te lancer avec ton propre groupe ?
C’était il y a 1 an et demi (interview réalisée en juin 2010) après avoir rencontré le guitariste Philippe Devin, ainsi que d’autres musiciens que j’apprécie beaucoup, lors d’une jam session.
J’ai immédiatement souhaité fonder un groupe avec eux et faire des concerts. La formation a évolué depuis, il y a eu quelques changements en termes de musiciens. Nous voulons rendre ce groupe le plus «vivace» possible…

Quelle était la réaction des musiciens qui participaient au mêmes jams que toi et qui voyaient débarquer une «petite nana». Y-avait-il une certaine réticence de leur part, voire du machisme ?

Il faut demander à Philippe qui est présent ici (rires), il est bien placé pour répondre à cette question !
En fait, d’une manière générale, j’ai été bien acceptée. Il n’y a pas eu de soucis, juste une «surprise» logique compte tenu du fait qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir débarquer des gamines pour jouer avec eux.
Rapidement nous sommes tous devenus très amis et ça c’est très bien passé !

Ton ascension a été rapide, n’appréhendes-tu pas cette curiosité que tu suscites actuellement ?
Si mais, en même temps, je suis très contente de pouvoir présenter aux gens notre univers et ce que nous avons envie de véhiculer. J’espère que le public sera de plus en plus large…
En attendant, il est vrai que les spectateurs ont l’air curieux de savoir ce, qu’avec le groupe, nous pouvons donner. A nous de ne pas les décevoir…

Ne crains-tu pas que cette curiosité soit, en partie, liée au fait que tu sois une jolie jeune femme ?
Si, forcément, je suppose que c’est lié à cela…
Du coup il est encore plus motivant de montrer que l’on sait, avant tout, faire de la musique et que nous avons à cœur de défendre notre projet. A moi de faire en sorte que les spectateurs ne remarquent pas seulement une gamine qui joue de la guitare.

Lorsque des gens nous voient pour la première fois, il est intéressant de constater une certaine surprise chez eux qui, petit à petit, se transforme en attention. Je pense qu’ils se laissent rapidement «prendre» par notre musique et qu’ils finissent, je pense, toujours par l’apprécier.

Quelle est la chose dont tu es la plus fière depuis que tu as commencé. Est-ce d’avoir fondé ton groupe, d’avoir enregistré un premier disque ou justement d’avoir brisé les tabous et d’être parvenue à imposer ta musique avant toute chose ?

C’est un peu un mélange de tout cela…
Au jour d’aujourd’hui, nous sommes assez fiers d’avoir «pondu» notre premier CD, d’autant plus que les premiers échos sont très favorables !
Il y a plein de choses à venir et beaucoup de progrès à réaliser mais je suis très heureuse d’avoir pu monter un groupe qui marche et un projet qui tienne vraiment la route.

Tu peux également compter sur l’appui d’une véritable «famille musicale» en dehors de tes propres musiciens. Des gens comme les membres du Blues Power Band ou Fred Chapellier sont très à ton écoute. Peux-tu revenir sur vos relations ?

Depuis le début, les gens que tu cites ont toujours été là pour moi. Nous sommes proches car nous avons la même notion de la musique et je pense que nos projets, aussi différents soient-ils, ont les mêmes ambitions. Je m’entends très bien avec Hervé («Bannish», chanteur du groupe Blues Power Band) car nous parlons de beaucoup de choses différentes ensemble. C’est un luxe d’avoir de telles personnalités à nos côtés. Elles nous soutiennent, nous conseillent et nous font profiter de leurs expériences. C’est très réconfortant…

Penses-tu, déjà, avoir évité quelques erreurs grâce à leurs conseils avisés ?
Oui, c’est indéniable !
Il y a, aussi, d’autres gens qui sont là et qui nous entourent. Je pense à notre tourneur Nueva Onda qui nous aide beaucoup ainsi qu’à Sophie Louvet qui est notre attachée de presse.
Sans oublier nos familles qui sont, également, toujours de bon conseil. D’ailleurs j’estime que c’est une très bonne chose d’avoir des avis de personnes extérieures au monde musical.

Tout à l’heure tu as évoqué ton premier disque. Peux-tu me le présenter plus en détails ?
Il se nomme «Urgency», c’est un 5 titres qui est sorti fin avril 2010. Ce CD n’est pas spécialement ancré dans le blues pur et dur. Nous avons voulu surprendre et mélanger tout ce qu’on aime afin de créer notre propre univers musical. Si les racines blues sont bien présentes, l’influence la plus évidente est celle de la soul music. Il y a aussi des connotations rock et funk…
Je trouve que ce disque représente bien ce que nous sommes…

A la basse on y retrouve un grand «routard» en la personne de Kim Yarbrough. Comment s’est passée votre rencontre et le travail en studio à ses côtés, lui aussi a dû vous promulguer de bons conseils ?
Je connais Kim depuis que je joue dans les jams. Il a toujours été très sympa et m’a dit dès le départ que si j’avais besoin d’un bassiste, pour des sessions d’enregistrement, qu’il me rendrait ce service. J’ai donc, naturellement, pensé à lui lorsque ce moment est venu. Il a adoré les morceaux et, en studio, nous a couvé du regard avec ses yeux chargés d’expérience. Il nous a été d’une aide précieuse, c’était très sympa !

Par quel concours de circonstances « Urgency » a-t-il été masterisé aux célèbres studios Abbey Road à Londres (qui a vu passer quelques uns des plus grands groupes anglais tels que The Beatles, Pink Floyd, Cliff Richard & The Shadows, Oasis, Radiohead etc…) ?
Je savais que l’album « Zee » des Blues Power Band avait, aussi, été masterisé là-bas.
C’est un gage de qualité, tout le monde connaît ces studios. Nous avons eu la chance de pouvoir réaliser la chose, après avoir constaté qu’il était possible d’y envoyer nos bandes, donc nous ne nous sommes pas privés de le faire.

Nous n’avons, malheureusement, pas eu l’occasion de nous y rendre mais nous sommes vraiment très satisfaits du résultat. Quand on écoute l’album avant et après l’opération de mastering (opération qui consiste à préparer et à transférer des enregistrements sur un support, nda) on sent vraiment la différence, ça apporte un grain particulier au disque.

Pourquoi avoir choisi un format court de 5 titres ?
Nous voulions vraiment nous pencher à 100% sur ces morceaux et créer un univers autour de chacun d’entre eux.
Le travail effectué sur ces chansons a été très important.

De plus nous ne voulions pas nous presser à faire, de manière plus aléatoire, un douze titres. La priorité a été donnée à la qualité plutôt qu’à la quantité. Notre souhait a été de proposer aux gens un résultat qui soit complètement aboutit.
Nous travaillons déjà sur de nouveaux titres qui devraient voir le jour sur un album que nous pensons sortir au début de l’année 2011.

As-tu déjà des contacts avec des labels ?
Nous ne cherchons pas encore à entrer en contact avec des labels. Si l’occasion se présente, nous étudierons chaque possibilité.

Tu es venue avec Philippe Devin (guitariste du groupe de Nina et de Natural Blues) avec lequel tu composes tes chansons. Peux-tu me parler de votre travail en commun et de la manière dont vous abordez les morceaux ?
Nous écrivons tous les morceaux ensemble. En général c’est lui qui trouve les « idées musicales » et qui propose les premières maquettes. C’est en me servant de celles-ci comme base que j’écris les textes. Puis nous réarrangeons tout cela ensemble…

Notre trompettiste Olivier Bridot s’est chargé de signer les arrangements de la section de cuivres sur un morceau d’ «Urgency ».

Je crois que tu te produis aussi dans une formule acoustique en duo avec Philippe …
Oui, cela permet de montrer autre chose, de nous concentrer sur un type de répertoire différent et de proposer une autre lecture des titres du CD. Les gens apprécient aussi cette formule intimiste qui est plus centrée sur la voix et l’émotion.

As-tu une recette particulière pour réussir à convaincre le public blues, qui a une moyenne d’âge relativement élevée, tout en sensibilisant les jeunes à ta musique ?
Il n’y a pas vraiment de recette…
J’essaye d’être énergique sur scène et d’être vraiment là pour le public. Ce contact est une chose qui touche les gens, y compris les jeunes. Nous restons nous-mêmes tout en proposant un show qui soit très travaillé.

Connais-tu le trac ? Je t’ai beaucoup observée, l’été dernier au Cognac Blues Passions (où Nina accompagnait le groupe Blues Power Band), et j’ai rarement vu quelqu’un être aussi impatient de monter sur une scène…
Oui mais je le ressens bien avant ma prestation. Il intervient, en général, au moment des préparations et là je suis très stressée. J’aime que tout soit « nickel » et je peux être très tendue la veille et l’avant-veille d’un concert. Par contre le jour J, ça bouillonne et je deviens particulièrement pressée…

Peux-tu me parler de tes prochains projets, qui vont te mener sur des scènes particulièrement prestigieuses ?
En juillet 2010 nous participerons à l’Avoine Zone Blues Festival, à la Nuit Du Blues de Cabannes, au Cahors Blues Festival, en ouverture du groupe ZAZ au Val de Jazz (en duo acoustique avec Philippe Devin), au Festival Café de la plage de Domont et au mois d’août nous aurons l’honneur de prendre la direction de Montréal afin d’y donner 4 concerts dans le cadre du Festiblues et du Festival de Jazz Levis. Nous sommes très curieux de connaître la réaction du public canadien lorsqu’il nous verra sur scène. Il parait qu’il est très chaleureux…

Dès la rentrée nous avons de nombreux autres concerts de prévus (au moment de l’interview des dates étaient déjà calées jusqu’au mois d’avril 2011, nda) et nous nous pencherons, plus précisément, sur l’élaboration de notre prochain CD.

As-tu déjà une idée de la direction musicale que vous allez employer ?
(Philippe Devin prend la parole) C’est la question que nous nous posons actuellement. Les retours, sur le premier CD, sont très positifs avec ces 5 titres qui possèdent des styles variés.
Si nous préparons 12 titres, nous devons avoir une idée précise du concept musical afin de proposer un résultat homogène et cohérent.

Ce ne sera pas une resucée d’ « Urgency » avec l’emploi de titres déjà issus de ce disque…
Nous y réfléchissons actuellement…
Nous n’en dirons pas plus, ce sera une surprise !
En tout cas nous avons beaucoup d’idées…

As-tu une conclusion à ajouter ?
Nous sommes très heureux des échos récoltés par « Urgency ». Ce disque à l’air de plaire…
Au bout d’un an et demi de travail nous avons, aussi, constaté que nous avons fidélisé un public. C’est quelque chose qui nous touche beaucoup et nous espérons qu’il va encore s’élargir. Nous souhaitons faire découvrir à un maximum de personnes nos influences blues qui lorgnent parfois du côté du rock, de la soul et du funk…
Nous sommes très contents et je te remercie pour cette interview.

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Interview réalisée à
Paris le 26 juin 2010

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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